L'étrange été de Madame X

C’est Madame X. Plutôt ce qu’il reste d’elle ; ce mannequin fut moulée dans les exacts proportions du corps de Madame X…

Il n’y a pas plus de questions, plus de réponses. Il y a juste le silence et jamais de dénouement heureux : il y a juste une fin pour chacun d’entre nous, pour chacune des choses qui nous entourent. Et Madame X c’est vous, c’est moi. Elle était vivante, vivante comme un jour la même chose sera dite de vous et de moi. Vous et moi. Toutes ces choses qu’on a eu la chance de voir, ces chemins parcourus, les gens que l’on a aimés nous accompagneront dans ce silence qui se tapisse au bout de la route. Madame X est morte il y a des années. Elle vivait dans cette grande maison quelque part dans les Alpes de basse Provence. Aimait-elle jouer du piano, se baigner ou encore se balader le long de la rivière ? Aimait-elle lire et écrire ? Je ne peux que l’imaginer.

Et moi, j’éprouve le besoin de sortir de cette maison et rapporter quelque chose de vivant à Madame X. Quelque chose qui peut être la rendra heureuse.
Et moi, j’éprouve le besoin de m’échapper et sentir quoiqu’il y ait à sentir qui me fasse me sentir en vie : des personnes dans l’eau, un poète sans toit le long de la rivière. J’ai envie de sentir ce doux air mélancolique que chantent les derniers rayons de soleil d’une fin d’après midi du mois d’aout. J’ai besoin d’écouter mon cœur battre tandis que je fais ma mise au point sur ce mini golf, et inspirer une dernière fois, le déclencheur souple à la main droite et me sentir au paroxysme de l’existence…

Le projet a été réalisé à la chambre photographique en trois parties.