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Année 2000.

J’avais laissé ces images de courses cyclistes rangées dans mes classeurs à négatifs. Je les avais oublié, jusqu’à aujourd’hui. Vingt ans plus tard.

Année 2020

Je ne referais pas ces images. Je ne saurais pas être le photographe que j’ai été. A quoi bon, d’ailleurs ?

Ca fait bien longtemps que j’ai troqué mon Nikon FM2 et la tri-x pour le Leica et la couleur.

Je regarde ces images qui témoignent d’une époque révolue. Les vêtements que portent les gens, les voitures, les signes, les vélos...Tout semble sorti d’une autre réalité que je n’ai pas connue. C’est sûrement pour cela que je fais des photographies. Pour voir ce qui a été et qui ne sera plus. Les quelques courses où j’ai fait ces images n’étaient probablement qu’un prétexte. Car ce n’est pas tant les coureurs qui sont le sujet que ce qui se joue autour. Ces camions d’agriculteur aménagés pour une journée. Ces chaises en plastique qu’on tire le temps de voir passer le peloton. Une CB (cibi) passablement ventousée sur le toit d’une voiture. Une poubelle renversée en guise de banc. Ce tracteur qu’on a coincé devant un garage pour laisser la voie libre et cette voiture que dix hommes ont soulevé à bout de bras parce qu’elle encombrait le passage.